Claudia Sheinbaum, scientifique environnementale et ancienne maire de Mexico, entre en fonction mardi en tant que 66e présidente du Mexique et première femme à diriger le pays. Sheinbaum, qui a remporté les élections de juin avec une écrasante majorité, assume la présidence dans un contexte de grandes attentes et de défis énormes, notamment une violence endémique des cartels et un important déficit national.
Protégée politique du président sortant populaire Andrés Manuel López Obrador, Sheinbaum a la réputation d'être analytique, disciplinée et imperturbable. Elle a fait campagne sur la promesse de poursuivre l'héritage de López Obrador - un héritage complexe qui est difficile à classer dans une case idéologique. Ses partisans saluent ses programmes sociaux populaires pour aider les pauvres ; ses détracteurs l'accusent de saper la démocratie naissante du pays.
Elle est la première femme présidente du Mexique
La présidence de Sheinbaum marque deux étapes importantes : elle est la première femme présidente de l'histoire du Mexique et également la première d'origine juive..
Dans un pays conservateur dirigé par des hommes depuis plus de deux siècles, la victoire de Sheinbaum souligne les avancées réalisées par les femmes dans la sphère politique. Elle est également remarquable compte tenu des problèmes de violence sexiste au Mexique : le pays a l’un des taux de meurtres de femmes les plus élevés au monde. Sheinbaum a déclaré qu’en tant que présidente, elle créerait un bureau du procureur anti-féminicide, une mesure qu’elle a mise en œuvre lorsqu’elle était maire de Mexico. Mais elle a évité de détailler sa position sur le droit à l’avortement et les féministes ont critiqué sa campagne pour son manque de politiques spécifiques au genre.
L’élection de Sheinbaum est également remarquable pour son héritage juif. Ses grands-parents ont émigré au Mexique depuis la Lituanie et la Bulgarie. Elle dit être fière de son ascendance mais n’avoir aucune affiliation religieuse.
Même ainsi, son ascension est remarquable étant donné que les juifs représentent moins de 1 % dans un pays dont la population est majoritairement catholique, l’une des plus importantes au monde.
Elle est climatologue
Cette femme de 62 ans est titulaire d’un doctorat en ingénierie énergétique et, au début des années 1990, a étudié au Lawrence Berkeley National Laboratory dans le nord de la Californie. Elle faisait partie de l’équipe du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies qui a partagé le prix Nobel de la paix avec l’ancien vice-président américain Al Gore en 2007.
Sheinbaum a commencé sa carrière politique en tant que ministre de l’environnement de López Obrador après son élection à la mairie de Mexico en 2000. Elle lui est restée indéfectiblement fidèle depuis, même lorsqu’il a mis de côté les projets d’énergie verte et défendu les combustibles fossiles dans un effort pour garantir l’indépendance énergétique.
Le programme environnemental de Sheinbaum marque l’un des plus grands pivots de López Obrador. Il appelle à davantage de transports publics électriques, à la promotion de l’utilisation et de la production de véhicules électriques et à la production d’énergie renouvelable par le biais de l’énergie solaire, éolienne et hydraulique. Notamment, López Obrador a activement bloqué les projets d’énergie renouvelable pendant sa présidence.
Dans le même temps, Sheinbaum a salué l’une des initiatives phares de López Obrador : une nouvelle raffinerie de pétrole de plusieurs milliards de dollars connue sous le nom de Dos BocasLe projet, que Sheinbaum a qualifié de « majestueux », est en proie à des dépassements de coûts et est loin d’être pleinement opérationnel. La manière dont Sheinbaum gérera la raffinerie reste une question ouverte.
Elle est la protégée politique de López Obrador
Sheinbaum a remporté la présidence en grande partie grâce à ses liens étroits avec López Obrador. López Obrador, l'une des personnalités les plus populaires et les plus clivantes de l'histoire du Mexique, a mis en œuvre des programmes sociaux qui ont aidé des millions de personnes à sortir de la pauvreté tout en affaiblissant les institutions démocratiques et en renforçant l'armée..
Mais là où López Obrador est populaire et charismatique, Sheinbaum est considérée comme analytique et axée sur les données. Leurs différences ont été mises en évidence pendant la pandémie de COVID-19.
Alors même que López Obrador minimisait l'importance des tests et plongeait dans la foule, Sheinbaum a augmenté la capacité de dépistage de la ville de Mexico et a exhorté à la distanciation sociale.
Dans l'ensemble, Sheinbaum a promis de développer la vision de López Obrador pour le Mexique. En signe de leur alignement, elle a nommé à son cabinet de nombreux confidents de López Obrador, dont son ministre des Finances, son ministre de la Sécurité publique, ses anciens et actuels ministres des Affaires étrangères.
Elle a un mandat politique énorme
Sheinbaum entre en fonction avec un mandat politique énorme. Sa coalition politique dispose d’une supermajorité à la chambre basse du Congrès et de près des deux tiers au Sénat.
Mais si López Obrador a donné à Sheinbaum du poids politique, il lui a également imposé des défis importants. Elle devra faire face à un déficit budgétaire croissant alimenté par les dépenses de son gouvernement dans les programmes sociaux, la raffinerie de pétrole de Dos Bocas et un grand projet de train touristique.
Elle doit également faire face à un système de gouvernance transformé. L’un des derniers grands actes de López Obrador en tant que président a été de faire passer un amendement constitutionnel qui démettra de leurs fonctions les 7 000 juges du Mexique. En vertu de cet amendement, les juges seront élus au lieu d’être nommés – une réforme que López Obrador considère comme nécessaire pour débarrasser le système judiciaire de la corruption et de l’impunité.
Les critiques affirment que la réforme érode les freins et contrepoids au pouvoir présidentiel et crée de l’incertitude dans le monde des affaires, ce qui a entraîné la chute du peso mexicain par rapport au dollar. L’une des premières tâches de Sheinbaum en tant que présidente sera de rassurer les marchés financiers tout en supervisant la mise en œuvre de la réforme judiciaire.
Les positions de Sheinbaum sur la sécurité et l’immigration
Pendant la campagne présidentielle, les sondages ont montré que la question n°1 pour les électeurs mexicains était la sécurité. Le crime organisé est devenu si puissant que les gangs extorquent tout, des stations-service aux producteurs d’avocats en passant par les entreprises de transport routier. Sheinbaum a déclaré qu’elle se concentrerait sur la lutte contre les causes profondes de la criminalité et de la violence, à l’instar de López Obrador.
Elle s’est également engagée à augmenter le nombre de soldats de la Garde nationale et à créer des programmes d’éducation et d’emploi pour les jeunes.
Si l’immigration n’est pas un problème pour les électeurs mexicains, elle constitue une préoccupation majeure pour les électeurs américains. Les administrations républicaines et démocrates successives ont fait pression sur le Mexique pour qu’il renforce la répression et empêche les migrants d’atteindre la frontière sud des États-Unis. Les analystes politiques estiment qu’il est probable que Sheinbaum, comme López Obrador, travaille avec les États-Unis pour décourager l’immigration, en grande partie parce que ce pays est devenu un puissant adversaire pour négocier sur d’autres questions urgentes, comme les accords commerciaux.
Source: NPR.org
Rédigé par Mexpat Realtors – Novembre 2024
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